Des végétaux sans racines et sans feuilles !
Les algues peuvent avoir des crampons ou un disque qui leur servent à s’accrocher à un support mais ce ne sont pas des racines : elles absorbent l’eau et les éléments minéraux directement par toute leur surface en contact avec l’eau. Elles n’ont donc pas besoin de vaisseaux conducteurs de sève et donc pas de tige. Ce qui y ressemble s’appelle un stipe. De même, elles n’ont pas de feuilles mais des frondes, la structure interne étant fort différente.
Une grande palette de couleurs
On classe les algues macroscopiques en 3 grandes catégories, brunes, vertes ou rouges, selon les pigments qu’elles contiennent ou ne contiennent pas. En réalité, en fonction du dosage de ces pigments, elles offrent des couleurs beaucoup plus variées : jaunes, roses, orange, noires ou grises…
Mais toutes contiennent un pigment vert, la chlorophylle, qui joue un rôle central dans la photosynthèse.
Echouées sur la plage, en fonction de leur degré de décomposition, les algues présentent de plus des couleurs différentes de celles de leur vivant.
Les algues, principaux végétaux marins...
et à la base de la biodiversité du littoral... Nécessitant la lumière du soleil pour se développer, elles vivent dans les eaux peu profondes des mers et océans, jusqu’à 50 mètres de profondeur par exemple dans la Manche (200 mètres parfois dan s les eaux claires tropicales !). Aussi, quand elles ne flottent pas au gré des courants, le plus souvent sous forme microscopique (phytoplancton), elles s’installent majoritairement près des côtes aux fonds rocheux.
Les algues des laisses de mer les plus fréquentes dans la Manche :
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les grandes algues brunes que l’on appelle aussi globalement goémon en Bretagne ou varech en Normandie.
Vivantes, les fucales et l’ascophylle sont récoltées sur les rochers pour de très nombreuses utilisations humaines : cosmétique (ex : antiride), agro-alimentaire (gélifiants, émulsifiants) ou industrie (dans les peintures par exemple).
Le fucus denté (Fucus serratus) se reconnaît à sa fronde plate aux bords dentés et succède au fucus vésiculeux plus bas sur l’estran. Comme son cousin, il ne vit que 3 à 4 ans.
Ce fucus se reconnaît à ses petites « bouées ». Quand on les éclate, on entend un bruit sec : ces vésicules ne contiennent que de l’air et jouent le rôle de flotteurs, rapprochant l’algue de la surface de l’eau et donc de la lumière. En s’asséchant sur la plage, cette algue noircit et devient cassante.
Les flotteurs sont ovales et plus gros que ceux du fucus vésiculeux. Ils permettent de compter approximativement l’âge de l’algue : ajouter 1 ou 2 au nombre de flotteurs sur une lanière (ex : une algue avec 5 flotteurs aura 6 ou 7 ans).
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Les laminaires
Ce sont de grandes algues brunes vivant dans les zones au dessous du niveau des plus grandes marées ou bien à leur limite. Elles aussi font l’objet de récolte industrielle par des bateaux spécialisés pour des utilisations dans l’agro-alimentaire et l’industrie.
(Saccharina latissima) Cette laminaire a une fronde entière, nettement ondulée et gaufrée. Du sucre cristallise sur sa fronde une fois séchée d’où son nom.
(Saccorhiza polyschides) Espèce annuelle, cette laminaire se reconnait à son gros crampon verruqueux, bombé et creux que l’on retrouve fréquemment échoué dans les laisses de mer. Sa fronde, profondément divisée, se déchire facilement sous les vagues.
(Laminaria hyperborea) Elle se différencie de la laminaire digitée par son stipe rugueux et rigide, très souvent couvert d’algues rouges. On la retrouve en plus grand nombre dans les laisses de mer en avril/mai quand les anciennes frondes se détachent du crampon avant que de nouvelles repoussent. Cette espèce peut vivre ainsi jusqu’à 15 ans !
(Laminaria digitata) Grande algue brune accrochée par un solide crampon aux rochers sous-marins, son stipe est lisse et souple et sa fronde divisée en grande lanière. Cette algue est aussi consommée sèche sous le nom de Kombu.
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La Sargasse japonaise (Sargassum muticum)
Originaire du Japon, elle a été introduite accidentellement en Grande Bretagne en 1973 avec du naissain d’huîtres japonaises. Elle a ensuite gagné les autres côtes européennes où elle a proliféré jusqu’à nuire à certaines algues autochtones. Elle semble actuellement s’intégrer à la flore locale.
Du fait de sa grande taille (jusqu’à 12m !), elle est aussi gênante quand elle s’emmêle dans les hélices de bateaux ou les filets des pêcheurs. On retrouve parfois dans les laisses de mer ses petites vésicules par milliers.
D'autres algues, vertes ou rouges, s'échouent en quantité nettement moindre.
(Osmundea pinnatifida) Cette petite algue au goût poivré arbore des couleurs allant du vert jaunâtre, au rouge ou au brun-noir. Elle se reconnaît à ses ramifications pennées, disposées sur un seul plan.
(Chondrus crispus) Algue rouge des zones rocheuses semi abritées, ses rameaux présentent sous l’eau des reflets bleutés. Son stipe est plat, contrairement à une espèce très ressemblante Mastocarpus stellatus. Connu localement sous le nom de « lichen », cette algue était jusqu’aux années 80 récolté à la main sur les côtes ouest du Cotentin pour être vendu à une usine située à Baupte : celle-ci en extrayait les carraghénanes pour fabriquer des gélifiants et épaississants utilisés en
(Palmaria palmata) Sa fronde est composée de lames plates, étroites à la base, qui s'élargissent progressivement pour ressembler à une palme, d'où son nom. C’est une algue rouge qui après séchage peut servir à agrémenter les salades ou parfumer de nombreux plats. En Irlande, 20 tonnes sont récoltées et séchées chaque année pour l’alimentation humaine et animale.
(Ulva sp. groupe intestinalis, autrefois classé sous le genre enteromorpha) Ces algues vertes, présentent sur le haut de l’estran, présentent des lames en tubes plus ou moins gonflés. Elles supportent des grandes différences de salinité, d’où leur présence aussi près des estuaires ou des exutoires de canalisations d’eaux pluviales. Les eaux riches en nitrates les favorisent également. On les voit souvent fixées sur des coquilles de patelle ou sur des carapaces de crustacés.
(Ulva lactuca) Algue verte vivant à faible profondeur et tolérant bien les eaux riches en nitrates. Sa durée de vie est de quelques semaines mais plusieurs générations se succèdent dans l’année. Fraîchement cueillie, elle peut être consommée crue ou cuite. Sa très proche cousine, Ulva armoricana, est responsable des marées vertes.
Un programme de science participative sur les algues des laisses de mer « Protocole ALAMER » est développé par un groupe de scientifiques, pour mieux comprendre et prédire les effets des changements globaux et locaux.
(NB : le nom« Plages Vivantes » que porte cet bservatoire participatif n'est pas lié à l'Opération "Plages Vivantes" portée par le CPIE Cotentin).
La Zostère, plante à fleur vivant en mer
Les zostères forment des herbiers sous marins dans des zones abritées sablo-vaseuses ou sur des fonds de sable grossier. Deux espèces sont présentes sur les côtes du département de la Manche, l’une vivant en haut de l’estran (Z. noltei) et la seconde à la limite du niveau des basses mer de vives eaux et en dessous (Z.marina). Les fleurs sont des épis de 4 à 5 cm portant fleurs mâles et fleurs femelles mais la multiplication végétative, par des tiges souterraines appelées rhizomes, est très importante.
Elle était autrefois coupée puis séchée pour faire des matelas.
Deux espèces sont présentes sur les côtes du département de la Manche, l’une vivant en haut de l’estran (Z. noltei) et la seconde à la limite du niveau des basses mer de vives eaux et en dessous (Z.marina).