Les laisses de mer, alliées des dunes…
car elles jouent un rôle primordial dans la lutte contre leur érosion.
En se décomposant, les algues mortes apportent des éléments nutritifs riches en azote permettant à des plantes pionnières de croître sur le haut de plage. Leurs racines et leurs feuilles vont contribuer à capter et fixer le sable sur le site. Des bourrelets se forment puis une dune embryonnaire se développe. Cet engraissement en sable du haut de plage sert d’espace tampon face aux assauts de la mer et limite ainsi l’érosion des dunes.
De plus, au fur et à mesure que le sable va s’accumuler contre la dune embryonnaire, celle-ci va s’élever et être colonisée par d’autres plantes dont la plus connue est l’Oyat. On arrive alors au stade de « dune blanche» (ou «dune vive ») véritable rempart contre les assauts de la mer et du vent. En arrière du rivage, à l’abri du vent et des embruns, la « dune grise » est plus stable et colonisée par de nombreux végétaux, y compris des arbustes et des arbres.
Aussi, afin de préserver cette flore indispensable à la fixation des dunes, il est important de ne pas les piétiner, ni de les arracher lors des collectes de déchets.
© Dessin : G. Lerouvillois
Une flore spécifique
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Les conditions de vie sur le haut de plage sont particulièrement contraignantes pour les plantes :
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Vent très fréquent
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Mobilité du sable : ensevelissement/désensablement
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Sécheresse du sol
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Variation forte des températures au niveau du sol
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Salinité par les embruns
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Aussi, les espèces pionnières qui s’y installent sont spécifiques à ces milieux et ont développé des adaptations particulières (feuilles charnues, système racinaire important…).
Elles sont qualifiées de xérophiles (= «aiment les milieux secs»), de psammophiles (= « aiment le sable »), de nitrophiles (= « aiment l’azote ») et /ou de halophiles (= « aiment le sel »).
Beaucoup sont des plantes annuelles ce qui est un avantage pour se développer sur ces habitats éphémères et mobiles mais ce sont les vivaces, tels le chiendent des sables ou l’oyat, qui peuvent jouer, en hiver, un rôle primordial dans le maintien de la dune.
Le cakiler maritime ou Roquette de mer (Cakile maritima)
Cette plante annuelle, formant des touffes de 10 à 50 cm, possède une racine pivotante très développée ainsi que des feuilles charnues, comestibles. Très riches en vitamine C, elles étaient utilisées jadis contre le scorbut.
En été, les fleurs du cakiler attirent de nombreux insectes pollinisateurs (abeilles, papillons..). Commune sur tout le littoral manchois.
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Le pourpier de mer (Honckenya peploides)
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Cette petite plante vivace forme de véritables tapis sur le sable grâce à un développement efficace de ses stolons. Ses feuilles glabres et charnues disposées en croix sont caractéristiques.
La soude brûlée (Salsola kali)
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Ses cendres ont servi autrefois de soude caustique. Les jeunes pousses et les feuilles peuvent être consommées comme légume.
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L’arroche des sables (Atriplex laciniata)
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Cousine des épinards, cette plante annuelle se reconnaît à ses feuilles en losange, argentées.
La bette maritime ( Beta vulgaris subspmaritima)
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Ancêtre probable de nos betteraves cultivées avec lesquelles elle peut s’hybrider, la betterave maritime est une plante bisannuelle ou vivace. Ses feuilles, tendres au printemps, peuvent se cuisiner crues ou comme des épinards. Sa graine, munie d’un flotteur, lui permet de voyager par la mer et de s’implanter loin du pied mère.
Le pavot cornu (Glaucium flavum)
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Vivace ou bisannuelle de la famille des coquelicots (Papavéracées), ce pavot se reconnaît à sa grande fleur jaune et à ses feuilles épaisses très découpées. Ce sont ses fruits, parfois cornus, qui lui ont valu son nom. Elle est assez rare sur le littoral de la Manche, mais on peut, ailleurs en France, la trouver hors des zones littorales, sur des friches et des terrains rudéralisés.
Le perce-pierre ou criste marine (Crithmum maritimum)
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Très résistante au sel et à la sécheresse, cette plante vivace, aux feuilles charnues, pousse sur les plages de galets, les secteurs rocheux du littoral voire sur les digues. Très aromatiques et au goût citronné, ses feuilles peuvent se consommer de nombreuses façons. Ses petites fleurs jaunes, disposées en ombelles, comme toutes les plantes de sa famille (les ombellifères), attirent en été de nombreux insectes pollinisateurs.
Le chou marin ou crambe maritime (Crambe maritima)
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Cette vivace, aux feuilles épaisses et glauques, s’épanouit sur les hauts de plage à sables grossiers ou à galets en formant des touffes importantes, de 30 à 60 cm. Sa grande racine pivotante lui permet de rester ancrée dans ces sols instables. Du fait de la régression de ses habitats liés aux aménagements et à l’urbanisation, cette espèce est protégée en France.
Le chiendent des sables (Elymus farctus​)
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Ses feuilles vert foncé et très souples le distingue de l’oyat. En supportant mieux les embruns salés que celui-ci, il peut pousser plus bas sur la dune embryonnaire et sur les hauts de plages. Vivace et possédant un système racinaire important, il permet de fixer le sable.
C'est même le champion dans ce domaine !
L'élyme des sables ou seigle de mer (Leymus arenarius)
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Ses larges feuilles glauques, raides, la distinguent de l’oyat avec lequel elle pousse. Plus rare également que l’oyat, l’élyme des sables se trouve dans la Manche presque en limite sud de répartition. Elle est protégée en France.
L’oyat ou milgreu en normand (Ammophila arenaria)
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C’est la plante fixatrice des dunes mobiles par excellence. On la reconnaît à ses longues feuilles vert blond, raides, d’où leur pointe quelque peu piquante quand on y passe la main. Non seulement, l’oyat facilite le dépôt de sable à ses pieds en freinant le vent, mais son système racinaire très développé lui permet également de bien le fixer. Ses tiges souterraines, à croissance verticale, les rhyzomes, réagissent à l’ensablement pour émettre de nouvelles feuilles et ses drageons, des tiges horizontales souterraines, lui permettent de coloniser rapidement les zones sableuses vierges. Aussi, elle est souvent plantée dans des parties de dunes érodées par le vent ou le piétinement.
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